09.21.2023

Seuil de pollution aux particules fines : quand faut-il s’inquiéter ?

Pas un hiver glacial ou un été caniculaire sans pics aux particules fines. Inodore et invisible, cette pollution n’est pas sans conséquence sur la santé. A quel moment tirer la sonnette d’alarme et prendre des mesures pour protéger les populations ?

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Décembre 1952. Le grand smog de Londres, responsable de 12.000 décès, révèle le lien direct entre pics de pollution et mortalité. “Cet épisode tragique a agi comme un déclencheur. Dans les années qui suivent, la communauté scientifique s’empare du sujet et les premières politiques publiques de lutte contre la pollution de l’air voient le jour”, relate Francelyne Marano, professeur émérite à l’université de Paris Cité, ex Présidente de la commission spécialisée sur les risques environnementaux du Haut Conseil de la Santé Publique. 70 ans plus tard, les objectifs de qualité, les seuils de référence et les valeurs limites ont fleuri et nous permettent de mieux cerner le phénomène de la pollution aux particules fines.

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Les seuils de l’OMS : des objectifs de qualité

 Sur la base de données scientifiques et médicales étayées, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a établi deux seuils de référence pour les particules fines : un seuil journalier de 25 microgrammes par mètre cube (µg/m³) en moyenne sur 24 heures et un seuil annuel de 10 µg/m³ en moyenne sur une année. “Ces seuils conçus pour limiter l’exposition à long terme et à court terme aux particules fines ne sont pas juridiquement contraignants pour les pays, mais servent de références pour aider les décideurs à prendre des mesures de réduction de la pollution de l’air aux particules”, complète Francelyne Marano. En 2021, l’OMS a révisé ses normes de référence pour la pollution aux particules fines (PM2.5 et PM10) pour les réduire à 5mg/m3 en moyenne annuelle pour les PM2.5 et 15µg/m3 pour les PM10. La raison de ce changement ? Les preuves scientifiques croissantes démontrant les risques sanitaires associés aux niveaux de concentration de polluants PM2.5 et PM10. “Ce sont essentiellement des études faisant le lien entre pollution et cancer qui justifient ce réajustement. Et pas seulement le cancer des poumons mais aussi le cancer du sein par exemple”, précise Francelyne Marano.

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99 % de la population mondiale exposée

En pratique, les Etats peinent malheureusement à suivre les recommandations de l’OMS. Ainsi,l’Union européenne a fixé des seuils moins restrictifs : une valeur limite annuelle de 25 µg/m³ (UE) en moyenne annuelle et de 50(µg/m³) en moyenne journalière à ne pas dépasser plus de 35 jours par an pour les PM10. C’est deux fois plus que les valeurs de l’OMS. Et malgré tout, certains Etats européens peinent à s’y conformer”, relève Francelyne Marano. L’Union européenne n’est pas un cas isolé : 99 % de la population mondiale vit dans des régions où les seuils de référence fixés par l’OMS ne sont pas respectés.  La qualité de l’air de 17 % des villes de pays à revenu élevé est inférieure aux lignes directrices de l’OMS relatives à la qualité de l’air pour les PM2.5 ou les PM10. De quoi inquiéter alors que l’OMS comptabilise 4,2 millions de décès prématurés par an liés à la pollution de l’air extérieur.

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Ne pas se focaliser sur les pics de pollution

“Les études épidémiologiques ont démontré que, même s’il ne faut pas minimiser le danger des pics, la pollution de fond est le facteur le plus important en termes de morbidité et de mortalité”, affirme Francelyne Marano. Une exposition prolongée à des niveaux élevés de pollution aux particules fines -même en l’absence de pics de pollution – est associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires, de pathologies respiratoires, de cancers, de problèmes de développement chez les enfants, de maladies neuro-dégénératives et de décès prématuré. Selon l’Institut de politique énergétique de l’université de Chicago, se conformer en permanence aux normes de l’OMS pourrait même accroître l’espérance de vie mondiale de 2,3 années. Il est donc important de prendre en compte à la fois les seuils journaliers et l’exposition prolongée aux particules fines lors de l’évaluation des risques pour la santé liés à la pollution de l’air. 

Protéger les populations de la pollution aux particules fines, ce n’est donc pas prendre des mesures ponctuelles au moment des pics de pollution, mais bien conduire des politiques publiques pour réduire le niveau d’exposition tout au long de l’année. Autrement dit : encourager les mobilités douces, développer des zones à faibles émissions qui restreignent la circulation des véhicules polluants ou encore mener des campagnes de sensibilisation. C’est aussi une urgence pour les acteurs de l’industrie automobile qui ont un rôle à jouer, en concevant des véhicules propres limitant la pollution aux particules fines et donc les risques sanitaires pour les habitants des zones urbaines. Pour y parvenir, il faudra aller au-delà de la simple électrification. Désormais, à chacun de prendre ses responsabilités ! 

Comment se protéger de la pollution aux particules fines ? 

  • S’informer sur les niveaux de pollution près de chez soi.
  • Vivre loin des axes routiers très fréquentés.
  • Privilégier le vélo et les transports en commun pour ses déplacements. Ou a minima, équiper son véhicule de filtres à particules.
  • Avoir une bonne hygiène de vie et consommer des aliments antioxydants (prunes, artichauts, framboises, etc.).
  • Éviter de sortir et de pratiquer un sport lors des pics de pollution.

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